Mai 2022 – PRÉSERVONS NOS TERRES NOURRICIÈRES POUR GARANTIR NOTRE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE

Profitant de la crise liée à la guerre en Ukraine, différentes voix ont appelé à « libérer le potentiel de production de l’Europe » et à intensifier les pratiques agricoles. Cette pression s’est traduite notamment par l’autorisation de mise en culture des jachères en Europe et en Wallonie. Cependant, pour la FUGEA, les questions de souveraineté alimentaire en Europe et de faim dans le monde ne seront pas réglées par ce genre de mesures et discours productivistes. Les leviers sont ailleurs et passent notamment par la préservation des terres agricoles et de leur caractère nourricier.

Vous lirez dans notre dossier que différents mécanismes participent à l’accaparement des terres et remettent en cause leur caractère nourricier au profit, entre autres, de la production d’énergie, des loisirs, des intérêts privés,… Ces mécanismes renforcent les difficultés d’accès au foncier pour celles et ceux qui désirent vivre de l’agriculture nourricière. Les conséquences néfastes sont pourtant bien connues : disparition des petites fermes, difficultés de renouvellement des générations en agriculture et de transmission des fermes, impossibilité pour les jeunes de s’installer.

Surtout, cette confiscation des terres et cette déviation du rôle nourricier diminuent notre production d’aliments et donc notre souveraineté alimentaire. Cette menace est renforcée par la disparition pure et simple de terres. Ces dernières années, beaucoup trop d’hectares ont été bétonnés pour y construire des zonings industriels et commerciaux. En plus de retirer des terres à la production agricole, ces zonings ont contribué et contribuent à vider nos centres ruraux.

Il est demandé au secteur agricole de répondre à de nombreux défis. Il faut trouver des modèles capables d’assurer une production alimentaire suffisante tout en préservant l’environnement et en étant, évidemment, viables pour nos agriculteurs et agricultrices. Toutefois, nous n’atteindrons pas ces objectifs en détruisant les terres agricoles ou en les utilisant en grande proportion à d’autres fins que la production nourricière. En Wallonie, libérer pour la production les +-1.000 ha de jachère ressemble plus à une opération de communication et parait bien dérisoire face aux +- 150 000 ha situés en zone agricole qui ne sont pas voués à la production alimentaire. L’enjeu numéro 1 est bien de stopper l’artificialisation des terres et de stopper leur accaparement à des fins non-nourricières.

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