12/04/2025
Siège du château de la SOGESA par le RéSAP
Ce samedi matin à Floreffe, les tracteurs de la FUGEA accompagnés de 300 personnes entament une action devant le siège de la Société de gestion de la Sambre (SOGESA). Le réseau de soutien à l’agriculture paysanne (RéSAP), organisateur de la manifestation, accuse les sociétés de gestion comme la SOGESA de mettre l’agriculture paysanne en danger, en permettant aux grands propriétaires terriens de contourner le bail à ferme et de capter les aides européennes de la politique agricole commune.
Devant les grilles de la SOGESA, les fumigènes, engins de siège et costumes d’époque assurent une ambiance de révolte paysanne médiévale. “Les grands propriétaires terriens se comportent comme des seigneurs féodaux. Nous avons donc décidé de répliquer par un siège digne du Moyen Âge”, explique Marie-Hélène Lefèvre, coordinatrice du RéSAP. Les grilles et les murs du château ont été recouverts de banderoles et calicots en soutien aux agriculteurs. Les manifestants prévoient de maintenir le siège toute la journée. Des banquets, conférences, concerts et animations sont au programme. Des activistes des Philippines sont également présentes pour apporter leur soutien aux agriculteurs wallons et rappeler le caractère international de cette journée des luttes paysannes.
Pour rappel, les sociétés de gestion comme la SOGESA ont pour objectif d’aider les propriétaires fonciers à maximiser les revenus de leurs terres. En se posant en intermédiaires entre les propriétaires de parcelles et les agriculteurs locataires, elles permettent aux premiers de contourner un bail à ferme, jugé trop peu rentable et trop contraignant, au profit de contrats de culture plus flexibles et plus lucratifs. Pour les agriculteurs, les prix de location augmentent et la sécurité de pouvoir rester à long terme sur la parcelle disparaît. En moyenne, les agriculteurs louent 60% de leurs terres. Ils sont donc particulièrement vulnérables aux attaques portées contre le bail à ferme. Les sociétés de gestion ont compris que leur intérêt réside aussi dans la captation des aides de la PAC (Politique agricole commune). Les demandes d’aides sont en effet effectuées par ces sociétés, qui se présentent comme les gestionnaires de la terre.
Selon Clara Vanderheyden de l’ASBL Terre-en-vue, “En Belgique, l’accès à la terre représente un problème majeur pour l’agriculture paysanne. Le marché foncier est dérégulé. La terre est devenue trop chère pour les agriculteurs et les agricultrices, qui sont contraints à la location. Dans ce contexte, l’obligation du bail à ferme, qui garantit la durée et le montant du fermage [loyer agricole], est indispensable. Les aides de la PAC sont là pour compenser des prix trop faibles. Quand les propriétaires passent par les sociétés de gestion pour conclure des baux précaires et détourner de l’argent public qui ne leur est pas dû, ils mettent en péril le futur de l’agriculture familiale.”
Devant les grilles du château, Hugues Falys, éleveur et porte-parole de la FUGEA a expliqué comment le propriétaire des terres qu’il travaille empêche la transmission de sa ferme à son fils. La Blanche ferme de Bois-de-Lessines est reconnue comme un exemple de transition agroécologique réussie, mais les terres nécessaires au maintien de son activité seront désormais confiées à une société de gestion.
La FUGEA et le RéSAP ont demandé une rencontre avec la ministre de l’Agriculture Anne-Catherine Dalcq, afin de lui rappeler nos revendications: le renforcement du caractère impératif du bail à ferme et de l’exclusion définitive des sociétés de gestion du statut d’agriculteur actif, qui détermine qui peut recevoir les aides de la PAC.
Dossier explicatif
https://drive.google.com/file/d/1NuQ8DmGHRbLQ9kSWeGrjRy8pZzSzsQfJ/view?usp=drive_link
*Le RéSAP et la journée internationale des luttes paysannes :
Le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (RéSAP) est une coalition d’organisations paysannes, environnementales et de solidarité internationale. Chaque année, il se mobilise pour la journée internationale des luttes paysannes, autour d’une problématique qui touche l’agriculture en Belgique.
Participent à la mobilisation
Agroecology in Action, Arsenic 2, As Bean, Autre Terre, Brigades d'actions paysannes, CANOPEA, Ceinture alimentaire namuroise, Ceinture Aliment-Terre Liégeoise, CNCD 11.11.11, Code Rouge, Collectif 5C Entraide & Fraternité, FIAN Belgique, FUGEA, Les Amis de la terre, Mouvement d'Action Paysanne, Nature & Progrès Belgique, Nos Oignons, Nourrir Liège, Oxfam Magasins du monde, Quinoa, Rencontre des Continents, Réseau des GASAP, Terre-en-vue