Cette semaine, l’Union européenne devrait acter son cadre de certification carbone. Ce dernier devrait inclure le “carbon farming”, système de compensation carbone basé sur les pratiques agricoles. Un système sans validation scientifique, mais surtout dangereux pour les agriculteurs et agricultrices. La FUGEA alerte face aux conséquences de ce vote. Et surtout, nos producteurs et productrices se posent la question : comment est-ce possible d’acter une décision aussi grave en catimini ?
Une semaine et une décision décisive pour le climat et l’agriculture
Cette semaine, le Trilogue européen devrait acter sa position sur le Cadre de certification des absorptions de carbone (CRCF). La Commission européenne, le conseil des Ministres de l’environnement, et le Parlement européen ont en effet validé leur position. Il s’agit d’une position cruciale pour notre avenir climatique, mais aussi pour notre agriculture. En effet, le secteur agricole est directement concerné par la proposition qui acte le système du « carbon farming » : vendre des crédits carbone sur base du stockage des sols agricoles, et permettre ainsi à des industries de « compenser leurs émissions ».
Le “carbon farming” est une piste dangereuse pour le climat et nos fermes
La FUGEA, comme de nombreux scientifiques et associations, dénonce ce mécanisme :
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Premièrement, parce que les fondements de base de ce mécanisme ne permettent pas de régler les problèmes climatiques : stockage non permanent, limité dans le temps et à impact global (très) limité. Un dispositif aussi important doit être validé scientifiquement, ce qui n’est pas le cas !
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Deuxièmement, parce que les systèmes renforcent les dérives dans le monde agricole : petite ou moyenne ferme défavorisée, rachat de terre par des acteurs externes, etc. Pour notre administrateur Vincent Delobel « Nous nous battons pour avoir des politiques publiques plus juste et assurer l’accès au foncier. Le carbon farming fait l’inverse en privatisant les aides à l’agriculture, en favorisant les grandes fermes et la spéculation foncière.»
Le “carbon farming” mérite un débat public et politique
Si le système du “carbon farming” est aberrant, la prise de décision au niveau de l’Union européenne l’est encore plus ! Le cadre a été construit et voté en un temps record. Aucune étude d’impacts ou de réflexions autour des balises nécessaires (notamment sur la gestion publique du système) ont été menées.
Surtout, ce sujet n’aura fait l’objet d’aucun débat publique ou politique. En Wallonie et ailleurs, les syndicats agricoles n’ont jamais été consulté. Comme le rappelle notre porte-parole Hugues Falys : "Le carbon farming aura un impact majeur sur nos fermes en Wallonie et le secteur n'a jamais été consulté ! Comment est-ce possible ?
La FUGEA dénonce cette situation. Dans un courrier, notre syndicat demande des explications aux Ministres wallons de l’Environnement, du Climat et de l’Agriculture, respectivement C. Tellier, P. Henry et W. Borsus, ainsi qu’au Ministre fédéral de l’Agriculture, D. Clarinval.
Contacts
- Hugues Falys – Porte-parole : 0497 61 64 14
- Thomas Huyberechts – Chargé de mission : 0479 27 13 51