Au-delà des éternels constats, un bilan s'impose
Aujourd’hui, après 37 ans de syndicalisme agricole, avec près d’une trentaine de manifestations à la clé, je suis exaspéré !
Les réponses de nos dirigeants, ainsi que celles des acteurs de la chaine alimentaire, n’ont pas été à la hauteur de la principale et légitime revendication du monde agricole : UN REVENU EQUITABLE VIA DES PRIX REMUNERATEURS
Cette demande de revenu équitable n’a jamais été rencontrée. Pire, en 30 ans, les prix des productions agricoles n’ont jamais augmenté.
A chaque crise, à chaque manifestation, le secteur n’a reçu que des réponses conjoncturelles, sans jamais aborder le fond du problème, sans jamais proposer des réponses structurelles.
Les mesures temporelles sont cosmétiques : elles masquent le mal profond. Elles ne le soignent pas. Or le mal, il se traite à la racine. Le combattre exige des mesures de fond, des mesures radicales.
Le marasme actuel n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat de choix politiques. Des politiques agricoles et commerciales qui ont jalonné ces 40 dernières années. Choix politique sur une libéralisation de nos produits agricoles ou absence de choix sur d’autres mesures comme le foncier.
Clairement, la nourriture n’est pas une marchandise banale qu’on peut sacrifier sur l’autel de la mondialisation.
Nos agricultrices, nos agriculteurs, notre agriculture, méritent mieux. En réponse à leur revendication légitime, ils méritent une réforme en profondeur des choix politiques. Une réforme qui respecte les paysages ; une réforme qui respecte les sols et les élevages ; une réforme qui permette de nourrir les familles agricoles et les concitoyens ; une réforme qui dynamise le monde rural : Une réforme qui respecte les paysannes et les paysans.
Les réformes de la PAC se sont enchainées de 7 en 7 ans. J’en ai personnellement étudié 6. Même si elles n’ont pas été toutes à la hauteur, je reconnais que celle de 2023 a apporté un lot de satisfaction. De l’équité sociale, une reconnaissance des services écosystémiques, une aide au revenu des secteurs les plus fragiles.
Malheureusement la réduction du budget européen entrave sévèrement cette transition agroécologie souhaitée par la société. Nous devons continuer cette politique de transition. Non pas à un rythme politique, mais bien à un rythme agronomique. Ne nous laissons pas berner par ceux qui veulent détruire cette PAC.
Au fur et à mesure des réformes, je constate que le service public de Wallonie est devenu un service de contrôle et d’établissement de règles non applicables. Soyez humains : derrière chaque acte que vous faites, n’oubliez pas qu’il y a toujours une femme et un homme qui seront impactés. Les agriculteurs et agricultrices ne sont pas des numéros insensibles.
L’avenir des paysannes et des paysans, le renouvellement générationnel, l’avenir des jeunes exigent des choix sociétaux humains et dignes !
Yves Vandevoorde