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PAC - réactions FUGEA

Communiqué de presse - jeudi 17 juilllet 2025

Réactions de la FUGEA aux annonces désastreuses de la Commission européenne sur le budget et la PAC post 2027

Ce mercredi 16 juillet, la Commission européenne a dévoilé ses propositions pour le cadre financier pluriannuel (CFP) 2028-2034 ainsi que pour la PAC post-2027. Des annonces qui ignorent les demandes de nos agriculteurs et agricultrices, exprimées lors des mobilisations de 2024, et qui trahissent les promesses faites dans le cadre du Dialogue Stratégique. Des annonces qui ne répondent pas non plus aux défis du secteur agricole et qui témoignent d’un manque d’investissement et de vision pour le système agricole et alimentaire en Europe. La FUGEA réagit et se prépare déjà à mener la bataille pour s’opposer à ces orientations désastreuses.

Un budget fortement réduit 

La commission européenne a indiqué une coupe drastique de -22% du budget PAC, passant de 386 milliard € en 2021-2027 à 300 milliards en 2028-2034. Une diminution inacceptable encore plus brutale si l’on tient compte de l’inflation. Ce manque d’investissement et de soutien est incompréhensible face aux enjeux du secteur. Comment installer des jeunes ou faire évoluer nos pratiques vers plus de durabilité si les soutiens publics sont sacrifiés ? Ces propositions vont à l’encontre des conclusions du Dialogue stratégique, pourtant lancé par la présidente de la Commission elle-même, dans lequel les parties prenantes de l'ensemble de la chaîne de valeur agroalimentaire réclament « un budget dédié et proportionné ». 

La fin de la politique agricole commune et du cap vers la transition 

Au-delà du budget, la Commission européenne a également ses intentions pour orienter la distribution des aides de la PAC post-2027. La ligne de conduite est simple : se défiler face à ses responsabilités, les transmettre aux États Membres en leur donnant encore plus de flexibilité. La fin de l’approche commune européenne pourtant essentielle aura pour conséquences un nivellement vers le bas des ambitions environnementales et sociales voire même des retours en arrière, …

Alors que la PAC actuelle obligeait les États membres à dédier un minimum de budget aux pratiques agroenvironnementales, ce n’est plus le cas ! Les éco-régimes, qui soutiennent la mise en place de pratiques durables (par exemple l’élevage en prairie ou les cultures moins intensives en intrants dans la PAC wallonne), ne sont même plus mentionnés ! Dans la PAC actuelle, la Commission avait imposé que 25 % du budget des aides directes leur soit dédié. Les aides bio sont mentionnées mais visiblement sans objectifs chiffrés. Les 9 règles de conditionnalité, imposant le respect de certaines pratiques pour toucher les aides, seront limitées et à définir dans chaque État membre. 

Sur l’enjeu du ciblage des aides, enjeu majeur pour la FUGEA, c’est le paiement redistributif (paiement majoré pour les premiers hectares) qui est porté disparu. La Commission s’entête à faire du paiement de base à l’hectare – qui ne tient pas compte de la main-d'œuvre ou de pratiques plus durables – l’outil central de la distribution des aides. C’est le seul paiement pour lequel la Commission souhaite fixer des budgets et montants minimaux. En Wallonie, ce type d’aide ne représente plus que 30 % des aides directes : il faudra être vigilant à ne pas devoir l’augmenter. La Commission demande néanmoins, pour ce paiement de base, d’appliquer des seuils de dégressivité et de plafonnement. Une bonne nouvelle, même si ces seuils devraient s’appliquer à toutes les aides. 

Sur le renouvellement des générations, enjeu clé des prochaines années, la Commission demande à chaque État membre d’établir une stratégie spécifique à son contexte national. Elle propose notamment la mise en place de « starter packs » pour soutenir les jeunes (déjà partiellement en place chez nous). Une idée louable, mais incohérente avec la stratégie budgétaire de la Commission : comment financer ces outils alors que le budget prévu sera raboté ? 

Trop sur la régulation des marchés et les prix 

Autre annonce du jour : les propositions concernant l’Organisation Commune des Marchés (OCM). La FUGEA attendait des propositions concrètes pour (enfin) réguler les marchés et garantir des prix justes et stables aux agriculteurs et agricultrices. Un enjeu clé afin d'assurer un revenu digne pour notre profession. Une revendication, centrale lors de la mobilisation agricole de 2024 qui reste pourtant ignorée par la Commission ! En effet, sa proposition ne prévoit aucun changement structurel de l’Organisation commune des marchés, pourtant indispensable pour mieux encadrer les prix et protéger les producteurs. L’intégration des stocks alimentaires pour prévenir les risques de pénuries est cependant à souligner.

La suite 

Les propositions de la Commission européenne ne sont pas à la hauteur des enjeux et sont vécues comme une trahison par nos membres ! A l’inverse de ces propositions catastrophiques, nous avons besoin d’une PAC ambitieuse et commune, dotée d’un budget solide, capable de réguler les marchés et les prix, et d’assurer une distribution des aides ciblée et stratégique. Ces demandes sont cruciales pour nous aider à relever les défis du secteur agricole : maintenir et installer un maximum d’agriculteurs et agricultrices, soutenir la transition de nos pratiques et l’autonomie de nos fermes, relocaliser les productions dans une logique de souveraineté alimentaire. 


Rappelons que ces propositions seront ensuite débattues avec le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne. Les réactions indignées des députés de la commission agriculture du parlement face au commissaire Hansen hier nous rassurent. Des corrections majeures devront impérativement être obtenues. C’est une condition essentielle pour éviter que nos fermes, déjà fragilisées, ne subissent de nouvelles crises – qu’elles soient économiques, environnementales ou sanitaires – et que ne ressurgissent les mobilisations agricoles. À défaut, ce sont l’agriculture et notre souveraineté alimentaire qui continueront à se fragiliser. La FUGEA, en lien avec notre fédération européenne ECVC, continuera à se mobiliser dans ce dossier crucial pour l’avenir de notre modèle agricole et alimentaire.

Contacts :

| Philippe Duvivier (président de la FUGEA) – 0491 56 33 86 | Hugues Falys (porte-parole de la FUGEA) – 0497 61 64 14 | Timothée Petel (chargée de mission) – 0499 90 75 92

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