Mars 2022 – NOTRE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE PASSE AUSSI PAR L’AUTONOMIE DE NOS FERMES

Comme tout le monde, nous sommes marqués par les événements dramatiques des dernières semaines en Ukraine. Nos pensées vont aux victimes de cette guerre et aux nombreuses familles qui, comme d’autres avant elles, sont amenées à fuir leur pays. En plus des pertes humaines, ce conflit a et aura des répercussions sur la géopolitique mondiale et, vous le savez, sur notre agriculture.

Déjà fin 2021, les tensions avec la Russie ont contribué à la flambée des prix des engrais minéraux (la Russie étant le premier exportateur mondial). Aujourd’hui, ce sont les marchés de trois cultures majeures qui sont déséquilibrés : le tournesol, le maïs et les céréales. L’Ukraine est en effet le premier exportateur mondial de tournesol ainsi que le deuxième producteur de maïs. La Russie et l’Ukraine représentent aussi 15 % de la production mondiale de blé et 30 % des exportations de cette céréale. La guerre provoquée par la Russie entraine une augmentation vertigineuse des prix: le blé a atteint début mars 400 €/tonne, du jamais vu.

La sécurité alimentaire de nombreuses régions de la planète est aujourd’hui menacée. Tout doit être mis en œuvre pour répondre aux besoins alimentaires des populations de ces zones sous tensions. Les stocks de céréales doivent être répartis de façon équitable et la population locale doit pouvoir accéder à cette ressource.

Cette crise souligne aussi la nécessité de protéger nos terres agricoles en stoppant leur artificialisation. Leur caractère nourricier doit aussi être préservé et priorisé de façon stratégique en tenant compte des conflits d’usages actuels. Il est par exemple impensable que des milliers d’hectares ne soient pas déclarés par les agriculteurs car monopolisés par d’autres acteurs/secteurs non essentiels (p.ex. prairies pour chevaux). Nous insistons aussi sur la nécessité de produire dans le respect de l’environnement ; les crises climatiques et le déclin de la biodiversité restant des enjeux prioritaires pour notre syndicat.

Dans les fermes, les impacts se font ressentir, notre secteur est certainement le plus touché par cette guerre. Nos gouvernements doivent trouver des solutions pour permettre aux agriculteurs et agricultrices de faire face aux hausses du prix des intrants (en particulier pour le fuel et les engrais azotés) et soutenir les modèles moins dépendants de ces intrants.

En effet, la conjoncture actuelle conforte aussi le combat mené depuis longtemps par la FUGEA pour plus d’autonomie dans les fermes, afin d’augmenter leur résilience, en étant moins dépendantes d’intrants produits ailleurs dont la disponibilité et les prix fluctuent en fonction des tensions internationales. Le modèle d’élevage herbager autonome est dans ces conditions un atout. En se basant d’abord sur la prairie, il réduit la dépendance aux aliments (et donc l’utilisation de céréales qui peuvent être libérées pour l’alimentation humaine). En recyclant l’azote organique des animaux, les terres peuvent être fertilisées, sans engrais chimique. Des initiatives concrètes sur le terrain nous rappellent ainsi que notre souveraineté alimentaire passe avant tout par l’autonomie de nos fermes.

Equipe politique de la FUGEA

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